Monique s’évade d’Edouard Louis

2024-06-19 Rachel

Monique s'évade d'Edouard Louis

“Il faudra que tu l’écrives un jour ! Je me suis encore transformée”. C’est vrai, c’est vrai. Je le ferai, lui répond Edouard. De cet échange avec sa mère, Edouard Louis écrit ce livre. Il raconte l’évasion de Monique, sa mère, alors qu’il est à Athènes. Les premières lignes m’ont heurtée. Car c’est avec une approche intime qu’elles m’ont immergée dans ce récit. Court et intense, Monique s’évade livre plusieurs messages. Un récit honnête et émouvant.

Honneur à sa mère

Deuxième livre sur sa mère, Edouard Louis raconte dans celui- ci la manière dont elle parvient à quitter l’homme qui l’avait libérée sept ans plus tôt. Un soir, elle appelle son fils. Un appel à l’aide. Elle ne veut plus subir cette homme qui ne lui a pas offert la vie espérée. Edouard séjourne à Athènes pour des raisons professionnelles et assure la transition à distance. Monique vit d’abord chez lui, seule. Puis, avec l’aide de son ami Didier et de sa sœur Clara, ils accompagnent sa mère vers la liberté.

Une histoire d’amour

Ce livre m’a réellement émue. Surtout la première partie. Les sentiments qu’il éprouve sont d’un réalisme et d’une véritable sincérité. L’écrivain impressionne par les mots choisis pour parler du prix de la liberté, de l’aide apportée à sa mère sans l’écraser, de la réalité économique et sociale sur l’émancipation des femmes, sur la question des classes sociales. Car cet épisode soulève de nombreuses questions dans son esprit, personnelles mais pas seulement.

Il revient sur son premier livre En finir avec Eddy Bellegueule. Oeuvre révélatrice qui l’a propulsé loin de sa famille. Sur un plan social et relationnel. Et il voit dans ce succès désormais, la plus belle des récompenses : pouvoir permettre à sa mère de vivre et d’être libre.

Le prix de la liberté

Hommage à sa mère, réflexion sur les inégalités. Il parle aussi des femmes prisonnières de leurs conditions sociales. Et si la liberté avait finalement un seul prix ? Celui de l’argent. C’est ce que l’on peut percevoir à travers ce discours. Et c’est grâce à sa condition désormais aisée qu’il détient les clés pour offrir à sa mère cette liberté méritée. Un récit remarquable par sa sincérité et par ses émotions. Un écrivain que l’on a déjà admiré et qui continue de nous toucher.

Extrait

"Or je n'assistais pas ma mère, puisque je considérais que ce qui était à moi était aussi à elle, puisque je considère qu'il existe un flux, une continuité dans nos destins."