Autoportrait d’Edouard Levé
Autoportrait d'Edouard Levé
Très intriguée par cet auteur et sa carrière artistique, j’ai voulu découvrir ce concept littéraire. Il est de ces écrits qui poussent ma curiosité. Phrases courtes, décousues, Edouard Levé dresse un autoportrait de lui. Il retranscrit la pensée, comme si nous devions parler de nous sans trop réfléchir. Le choix des mots, de la syntaxe font de ces quelques pages un objet littéraire unique. J’ai toujours pensé que si je devais écrire sur moi, je le ferai de cette manière. Un écrit troublant et magnétique !
Fragments autobiographiques
Unique en son genre, Edouard Levé livre un véritable autoportrait littéraire. Sans fioriture, dénué de pathos, l’auteur parle de lui. Il partage ses pensées, sa personnalité, sa vie réelle. Il explore à la fois les détails banals de sa vie comme sa taille, son poids, ses cheveux, et des moments bien plus intimes et profonds. Point de jugement et d’émotions, Levé offre un récit expérimental par une série de fragments autobiographique.
« Je préfère me coucher que me réveiller, mais je préfère vivre que mourir. Je ne réponds pas aux remarques déplaisantes, mais je ne les oublie pas. Certaines personnes me fatiguent en quelques instants car je sais qu’elles vont m’ennuyer.
Individualité universelle
J’ai aimé l’écriture à la fois simple et brutale. J’ai adoré ce style peu commun qui instaure un vrai rythme dans le récit. Des échantillons, des phrases que l’on pourrait tous reprendre pour parler de soi. L’auteur évite les jugements, les sentiments, les émotions. Une écriture mesurée et frénétique. Un récit surprenant et remarquable. Un objet littéraire d’exception. Il donne le goût à la lecture et à l’écriture. Et chaque phrase peut être reprise, citée, transposée dans autre contexte, pour une autre personne. Un texte que l’on peut lire et relire, sans se lasser. Fascinant !
Et comme on peut parler d’art contemporain, ceci n’est pas (juste) une autobiographie. Ce texte permet de s’interroger sur sa propre identité et la perception de soi. Par les similitudes qu’on peut rencontrer au détour d’un fragment avec lui. Mais surtout par le style, le discours et le concept. Un régal, je vous le conseille !
Et comme on peut parler d’art contemporain, ceci n’est pas (juste) une autobiographie. Ce texte permet de s’interroger sur sa propre identité et la perception de soi. Par les similitudes qu’on peut rencontrer au détour d’un fragment avec lui. Mais surtout par le style, le discours et le concept. Un régal, je vous le conseille !
Extrait
« Je ne raconte pas mes histoires d’amour. Je parle peu des femmes avec qui je suis, mais j’aime écouter mes amis me parler des leurs. Une femme est venue me rejoindre dans un pays lointain après un mois et demi de séparation, elle ne m’avait pas manqué, j’ai compris au bout de quelques secondes que je ne l’aimais plus. »
« Je ne suis pas beau. Je ne suis pas laid. Sous certains angles, bronzé en chemise noire, je peux me trouver beau. Je me trouve plus souvent laid que beau. Les moments où je me trouve beau ne coïncident pas avec ceux où j’aimerais l’être. Je me trouve plus laid de profil que de face. J’aime mes yeux, mes mains, mon front, mes fesses, mes bras, ma peau, je n’aime pas mes cuisses, mes mollets, mon menton, mes oreilles, la courbure à l’arrière de mon cou, mes narines vues du dessous, je n’ai pas d’avis concernant mon sexe. »
« Je ne suis pas beau. Je ne suis pas laid. Sous certains angles, bronzé en chemise noire, je peux me trouver beau. Je me trouve plus souvent laid que beau. Les moments où je me trouve beau ne coïncident pas avec ceux où j’aimerais l’être. Je me trouve plus laid de profil que de face. J’aime mes yeux, mes mains, mon front, mes fesses, mes bras, ma peau, je n’aime pas mes cuisses, mes mollets, mon menton, mes oreilles, la courbure à l’arrière de mon cou, mes narines vues du dessous, je n’ai pas d’avis concernant mon sexe. »
Edouard Levé
Autoportrait
Date de parution : 10/03/2005
Éditeur : P.O.L
Collection : Fiction
Nombre de pages : 128
