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Jane Eyre de Charlotte Brontë

Jane Eyre de Charlotte Brontë

Roman fascinant auquel je voue un amour littéraire inconditionnel ! Séduite par la plume somptueuse de l’auteure, par sa capacité admirable à parler du réel, de la nature et des sentiments. Charlotte Brontë offre avec son premier roman une œuvre remarquable qu’on ne se lasse pas de lire et de relire. La romancière anglaise crée une héroïne insoumise et passionnée ! Magnifique.
Quelques mots sur l’auteure, mieux comprendre son œuvre
Thornton, le 21 avril 1816 née Charlotte Brontë, troisième fille du révérend Patrick Brontë.

La famille Brontë de condition modeste mais où l’amour de l’instruction et le goût pour la lecture sont très forts compte six enfants : Maria, Elizabeth, Charlotte, Patrick Branwell, Emily et Anne. Charlotte, Emily et Anne forment une sorte de sororité littéraire et publient chacune des romans sous des pseudonymes masculins, Currer pour Charlotte, Ellis pour Émilie et Acton pour Anne au vue de la condition féminine de cette époque.

C’est sous le pseudonyme de Currer Bell que Jane Eyre est publié à Londres en 1847 et pour la première en France en 1855. Souvent décrit comme une autobiographie de Charlotte Brontë, Jane Eyre s’inspire des éléments de la vie de l’auteure. Lors de la publication de Jane Eyre, le succès public est immédiat et le roman encense la critique de manière positive. G.H. Lewes dans le Freaser’s Magazine, ayant perçu que l’auteur était une femme, reconnaît qu’elle possède « presque tout ce que l’on demande à un romancier ; la perception du caractère, et la faculté à le dépeindre ; le pittoresque ; la passion ; la connaissance de la vie ». (Emmanuel Dazin). Ce sont ce que l’on retrouve pleinement dans Jane Eyre. Charlotte Brontë est attachée à l’expression du vécu, des émotions et était « possédée par le sentiment de décrire la réalité ».

Gouvernante à dix-neuf ans, elle entreprend un premier roman Le professeur inspiré de son séjour en Belgique. Refusé par l’éditeur, Jane Eyre est accepté et connaît un vif succès bien que certains sont scandalisés par ce récit à la première personne déterminant le soi et par la détermination de l’héroïne.

Le style maîtrisé en fera par conséquent un best-seller. Deux romans suivront Shirley et Vilette.

Ces mêmes années, son frère Branwell, devenu opiomane et alcoolique meurt de la tuberculose en 1848 ainsi qu’Emily et Anne. Quant à Charlotte Brontë, elle s’éteint à Haworth le 31 mars 1855.
Pour résumer
Orpheline et âgée de dix ans, Jane Eyre vit chez la famille Reed au château de Gateshead où elle subit les mauvais traitements de sa tante et ses cousins, Eliza, John et Georgiana Reed. Rejetée par cette riche famille, Jane serait menteuse et méchante, et peu reconnaissante de la générosité de sa tante. A sa demande et au plus grand bonheur des Reed, elle est envoyée au pensionnat de Lowood, une école de charité rigide dirigée par un homme détestable, Monsieur Brockelhurst. Jane est heureuse de ce nouveau départ dans sa vie, elle souffrira cependant de privations et de nouvelles brimades.

Après six ans d’étude à Lowood, Jane devient institutrice dans cette école où elle exerce pendant deux ans. Souhaitant vivre une autre vie et devenir indépendante, elle fait publier une annonce dans le journal pour devenir gouvernante. Madame Fairfax répond à cette annonce et lui propose de se charger de l’éducation d’une petite française, Adèle, abandonnée par sa mère et devenue la protégée d’un riche propriétaire du château de Thornfield, Monsieur Rochester. Charmé et intrigué par cette petite créature réalisant des dessins poignants, Edward Rochester apprécie la présence de la nouvelle gouvernante. Jane s’éprend de cet être dur et imprévisible qu’est le maître de Thornfield sans savoir qu’il est marié depuis quinze ans à une folle enfermée au grenier du château, gardée par la servante Grace Poole.

Puis Jane quitte Thornfield de manière précipitée. L’argent qu’elle possède lui permet d’aller jusqu’à Whitcross. Épuisée par la faim et la fatigue, après plusieurs jours à errer, elle aperçoit au loin une maison sur une petite colline et parvient à sonner chez ses habitants. Jane est accueillie par la famille Rivers, Saint-John Rivers, pasteur, Anna et Marie ses deux sœurs. Pâle comme la mort, Jane se remet au fil des semaines et sollicite John Rivers pour lui trouver un travail honnête lui permettant de retrouver son indépendance. Il lui confie l’éducation des jeunes filles du village dans une école pour jeunes filles qu’il vient d’ouvrir. Jane s’adapte et remplit cette mission de manière remarquable.

Mais cette existence ne lui est guère suffisante. L’amour éprouvé pour Edward Rochester la conduira vers d’autres horizons.
Ce que j’en pense
Ce roman se structure en trois parties : l’enfance de Jane à Lowood, l’amour à Thornfield et la naissance d’une famille à Whitcross.

Charlotte Brontë crée avec Jane Eyre une héroïne indépendante, insoumise, volontaire. Elle s’émancipe seule grâce à l’éducation et non à l’argent. L’éducation est telle son arme la plus redoutable. Elle lui permet d’accomplir toutes ses missions et même de trouver l’amour. Pas jolie, petite, et pauvre, Jane Eyre n’est pas prédestinée à épouser un riche homme et à charmer par sa beauté physique.

Mais son éducation, son courage, sa force, sa volonté, sa passion lui permettent de se révolter contre la fatalité de sa condition et plus largement contre l’ordre social. Rochester est séduit par son âme révélée par ses yeux perçants plutôt que par sa toilette et son apparence modestes.

Pour écrire Jane Eyre, Charlotte Bontë puise dans la réalité et s’inspire de sa propre vie. Ce roman est parsemé d’éléments autobiographiques de son auteure, comme la mort d’Hélène Burns renvoyant à la mort de Maria Brontë pour laquelle Charlotte avait un grand attachement. Morte à cause des mauvaises conditions sanitaires de Cowan Bridge, l’école fréquentée par Maria.

Jane devient institutrice après six ans d’étude comme l’était son auteure. Les sœurs Rivers se nomment Marie et Anna, ce qui n’est pas sans rappeler les prénoms des sœurs Brontë.

Le personnage de John Reed évoqué dans Jane Eyre rappelle le comportement autodestructeur de Patrick Branwell, le frère de Charlotte.

Jane Eyre compte parmi mes romans de chevet. Charlotte Brontë met au cœur de l’histoire le pouvoir de l’éducation, bien plus forte que l’argent, que les apparences, les « premières impressions ».

L’héroïne du roman est iconique et inspire encore aujourd’hui par ses valeurs et sa force.

Et cette histoire d’amour entre Jane et M. Rochester ! C’est le cœur battant que l’on dévore ce livre tant celle-ci est forte, vive et profonde.

Je vous encourage à le lire, six-cents pages que l’on lit avec une passion féroce. Puisse Jane continuer de nous inspirer !
Extrait
 » Je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m’y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur. « 

Date de parution : 1855

Éditeur d’origine : Hachette 

Nombre de pages : 761

Image : Editions Tibert / Parut en 2019 / Illustré par Nathalie Novi 

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