Chroniques littérairesContemporain

La chambre des officiers de Marc Dugain

La chambre des officiers de Marc Dugain

Court récit universel, ce premier roman de Marc Dugain traite de manière intelligible la Première Guerre mondiale, les gueules cassées, le regard des autres, l’espoir, la souffrance et le traumatisme. Une vraie réussite ! Une épopée dramatique et bouleversante.
Le parcours d’Adrien Fournier
Adrien Fournier doit prendre un train pour se rendre dans la Meuse. Les Allemands avancent. Jeune ingénieur officier du Génie, Adrien est fauché par un éclat d’obus aux bords de la Meuse dès les premiers jours de 1914. Il connaitra la guerre des mutilés, des « Gueules cassée ». Il fait partie des premiers à séjourner au Val de Grâce.

Défiguré, il passe cinq ans dans cet établissement et séjourne dans la chambre des officiers. Un long chemin de reconstruction débute. D’autres camarades le rejoignent. Tous victimes et mutilés de la guerre. Ils partagent leur chambre pendant ces longues années. Entre eux, se développe une amitié profonde.
Les visages de la guerre
Inspiré par le parcours de son grand-père, Marc Dugain écrit ce premier roman en 1998. Son grand-père travaillait à La maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux. Ce château a accueilli les soldats de la Première Guerre mondiale mutilés du visage.

Marc Dugain nous fait découvrir à travers cette épopée la guerre des invalides et des mutilés aux conséquences lourdes. Dans une chambre sans miroir, trois officiers dont Adrien vivent avec une partie de leur identité en moins. Ils apprennent à se voir uniquement à travers les yeux des autres. Dans cette chambre, des liens d’amitiés se nouent et plus largement dans le couloir du Val de Grâce.

Rempli d’humanité et de camaraderie, La chambre des officiers parle des conséquences dramatiques de la Première Guerre mondiale. Les blessures physiques ne sont pas les seules à provoquer la douleur. Le traumatisme et les souffrances psychologiques causés par la guerre sont également traités. A travers les personnages même succincts qui peuplent ce récit.

Ecrit dans un style intelligible, Marc Dugain offre un court roman efficace où il fait ressortir en quelques phrases les multiples conséquences de la guerre et le drame vécu par les populations. Il nous emmène jusqu’au début de la seconde guerre mondiale.

Ce roman est une belle surprise ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi percutant et riche malgré son format. On s’attache aux personnages dès leur apparition dans le récit et on éprouve de l’empathie pour chacun d’entre eux. Une vraie réussite.

Un récit universel que tout le monde peut lire grâce à son style et son format court pour rendre compte des horreurs de la Guerre. Mais surtout de l’humanité qui demeure durant ces périodes désastreuses. Car en cette humanité subsiste l’espoir de jours meilleurs.

Ce récit a connu une adaptation cinématographique ainsi que plus récemment en roman graphique. Il y en a pour tous les goûts même si je conseille toujours d’abord le texte original.
Extrait
 » La guerre de 14, je ne l’ai pas connue. Je veux dire, la tranchée boueuse, l’humidité qui transperce les os, les gros rats noirs en pelage d’hiver qui se faufilent entre des détritus informes, les odeurs mélangés de tabac gris et d’excréments mal enterrés, avec pour couvrir le tout, un ciel métallique uniforme qui se déverse à intervalles réguliers comme si Dieu n’en finissait plus de s’acharner sur le simple soldat. »

Date de parution : 08/2001

Éditeur : JC Lattès

Collection : Littérature française

Nombre de pages : 172

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