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Le bruit et la fureur de William Faulkner

Le bruit et la fureur de William Faulkner

J’ai enfin répondu à mon envie de lire Faulkner. En résulte une expérience de lecture exceptionnelle. Mon choix s’est porté sur Le bruit et la fureur avec une hésitation pour Tandis que j’agonise. Mais le titre Shakespearien m’a intriguée. Un roman fascinant où il faut accepter de ne pas tout comprendre dès le début !
La famille Compson
C’est alors que j’ai commencé cette lecture. Avec une première partie déroutante. Car nous sommes dans la tête de Benjy, un idiot. Il fait partie d’une de ces vieilles familles du Sud en déclin dans une région imaginée par Faulkner. La famille Compson.

Trois générations de cette famille se déchirent : Jason et sa femme Caroline Compson, leur fille Candace ou plutôt Caddy et leurs trois fils Quentin, Jason et Maury qu’on appelle Benjy. Puis Quentin, la fille de Caddy.

Autour de cette famille, Faulkner insère les générations de domestique noirs, Dilsey et son mari Roskus ainsi que leurs enfants Versh, T.P et Frony puis Luster, le fils de Frony.

Ce roman est divisé en quatre parties écrites chacune du point de vue de personnages différents. Nous sommes d’abord du point de vue de Benjy Compson. Faulkner nous plonge dès les premières lignes dans la tête d’un idiot. C’est une expérience assez déroutante et complexe. Car cela donne un texte loin d’être fluide par sa non-linéarité. C’est Quentin Compson qui prend la parole dans la deuxième partie. Un étudiant mélancolique de Harvard où confusion et mal être dominent dans son discours. Puis c’est le monologue intérieur de Jason, le frère cynique de Benjamin et Quentin, qui rythme la troisième partie. Il est à la poursuite de sa nièce Quentin, la fille de Caddy qui a disparu. Quant à la dernière partie, point de narrateur interne. Elle est centrée sur Dilsey, domestique et personnage central. Elle assiste à la chute de la famille Compson.

Caddy constitue le personnage principal, la sœur des trois narrateurs. Entre affection, amour incestueux et haine, Caddy est l’objet de sentiments profonds des narrateurs. Les trois personnages s’expriment à son sujet lors des longs monologues intérieurs.

Une exploration de la déchéance humaine
Lecture complexe et exceptionnelle par le style, Le bruit et la fureur est une expérience littéraire forte, unique et fascinante. Faulkner crée par son style fragmenté la confusion et le désordre. Car c’est une œuvre non linéaire, où Faulkner nous fait vivre le drame à travers les pensées confuses et subjectives des personnages. Les sauts temporels et retours en arrière compliquent davantage la lecture et sèment le trouble. Sa plume reflète l’état mental désordonné des personnages et surtout la décomposition de la famille Compson. Une vision puissante de la condition humaine où style et histoire s’entremêlent pour mieux explorer la déchéance humaine. Je suis satisfaite d’être venu à bout de cette lecture et de l’avoir apprécié. Il est possible de se décourager par moment mais Faulkner éclaircit le lecteur de manière subtile au fil des pages. Je sors également très admiratrice de cet auteur incontournable. Son style surprend. Et nous fait aimer davantage la littérature et son pouvoir. Je conseille cette lecture aux lecteurs curieux et exigeants ! A ceux qui aiment les monologues intérieurs et souhaitent découvrir un génie de la littérature américaine !
Extrait
 » Nos ombres étaient sur l’herbe. Elles arrivèrent aux arbres avant nous. La mienne est arrivée la première. Et puis nous sommes arrivés, et les ombres ont disparu. Il y avait une fleur dans la bouteille. J’y ai mis l’autre fleur. »

Date de parution : originale : 1929 / Folio : Juillet 1972

Éditeur : Gallimard

Collection : Folio

Nombre de pages : 384

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