Réflexions

Livre et écologie : de quoi parle-t-on ?

Savez- vous que chaque année des milliers d’ouvrages invendus et retournés chez les distributeurs sont détruits sur décisions de l’éditeur ? C’est ce qu’on appelle le pilon ! Le Syndicat National de l’édition relève un chiffre de 26 300 tonnes de livres par an qui sont pilonnées en moyenne. C’est environ 13.2% de la production. Ce constat m’a donnée envie de partager ce billet sur le livre et l’écologie. En vous parlant des mes pratiques mais aussi des initiatives prises par les professionnels du secteur. Pistes de réflexion sur un vaste sujet.
Comment je consomme les livres ?
Nous avons tou.t.e.s des bibliothèques qui débordent et nous avons du mal à résister à l’acquisition de nouveaux livres. Car souvent ils nous comblent de bonheur et font partis de notre vie.

Mais comment enrichir sa bibliothèque et se faire plaisir sans trop culpabiliser sur notre consommation ?

Nous sommes plusieurs à nous tourner vers les livres de seconde main. Boîtes à livre, bouquineries et autres lieux où les livres de seconde main sont rois ! Petit bémol, dans certaines villes, les boîtes à livre sont catastrophiques et certains ne respectent pas ces lieux. Heureusement, ce n’est pas une généralité. Et ces endroits sont devenus des petits lieux de fréquentation courants par beaucoup de lecteurs.

Je n’ai pas la chance d’avoir dans ma ville des boîtes à livre intéressantes et bien entretenues. Certaines sont malheureusement de vrais dépôts de tout et n’importe quoi !

Je me sers alors principalement dans les bouquineries locales pour plusieurs raisons :

• Les pépites que l’on peut trouver en termes d’édition

• Le prix des livres

• La joie de soutenir ces commerçants qui font un travail formidable

• Découvrir les acquisitions choisis par leur soin

• Les échanges avec ces personnes et le lien tissé

• Passer du temps dans ces lieux à chercher des trésors

• Donner une nouvelle vie aux livres

Puis bien sûr réduire l’impact écologique de sa consommation. Bref, que des avantages !

Cette réflexion m’a inspiré ce billet sur le livre et l’écologie. Pas pour nous faire culpabiliser mais simplement pour partager une réflexion sur cette thématique intéressante. Et plus particulièrement sur la conscience écologique des acteurs du monde du livre !

Car la seconde main permet d’apporter en partie une réponse à cette problématique. Mais pas seulement. Il est intéressant d’explorer aussi les initiatives en faveur de l’écologie prises par les professionnels du livre.

Alors de quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’écologie dans le monde du livre ? Vaste sujet mais voici quelques éléments.
La circulation du livre : les circuits écologiques
Je vous parlais des boîtes à livre et de la seconde main alors commençons avec ce mode de circulation entièrement libre. Bien que ce concept devient courant, il n’est pas nouveau. Tout commence en 1991 avec la création des « bibliothèques libres en plein air ». On tire l’origine ici des boîtes à livre : n’importe qui peut déposer et emprunter des livres.

Ces petites boîtes sont pensées pour être accessible à tous. Situées dans des lieux de passage courant, elles peuvent se développer partout et ne coûtent rien aux usagers ! Tel un bien commun ! Et ça, on adhère complètement. Le concept est un sans-faute ! Mais la réalité en est parfois autre car cela ne fonctionne pas toujours. La dimension écologique est aussi à prendre en compte. Car les boîtes à livre permettent de donner une seconde vie aux livres et circulent de manière libre et locale. Qui dit mieux ?
Les formats dématérialisés : exemple avec le livre audio
Deux supports pour ce format : le livre audio physique édité en CD et le livre audio numérique qui est un fichier dématérialisé.  Le livre audio existe depuis 1970 pour permettre une accessibilité des textes aux non-voyants.

Le livre audio numérique comme d’autres formes de médias numériques sont bien sûr plus écologiques. Car ils évitent un support physique polluant. Pour l’édition du livre audio physique, même si pour certains CDs les plastiques utilisés sont recyclables, l’impact écologique reste trop important. Quant aux livres numériques, difficile encore de mesurer l’empreinte carbone. Mais l’écoute de la musique en streaming donne des indices. L’équipement représenterait 90% des impacts environnementaux et 10% seulement pour la transmission et le stockage des données. Après bien sûr, il faut prendre en compte tout le nécessaire pour enregistrer le livre audio et calculer le nombre d’écoute pour évaluer sa rentabilité.

Bon pour ma part je ne suis pas adepte de ce format mais il est de plus en plus apprécié car de plus en plus en lien avec nos pratiques et nos modes de vie. Puis, moins polluant dans sa forme numérique.
Du côté des professionnels du livre : être une librairie éco-responsable
En tant que lecteur, nous pouvons agir de plusieurs façons :  privilégier la seconde main, emprunter les livres en bibliothèque, se tourner vers des supports numériques. Mais les professionnels du livre s’interrogent également et des projets voient le jour pour réduire l’impact écologique.

Exemple de la librairie Livré&Co comptoir des lectures durables

Situé en Ile-de-France, cette librairie favorise un circuit court entre les lecteurs et les éditeurs. Le concept : réunir tous les livres éco-conçus, écoresponsables et expérimenter un autre modèle de diffusions et de consommation des objets culturels. Itinérante, cette librairie aide à créer une production éditoriale plus raisonnée, plus écologique et plus transparente sur la création des ouvrages. La transparence ici concerne les critères d’éco-conception. C’est-à-dire qu’ils utilisent des pictogrammes clairs et précis et informent sur plusieurs éléments : engagements éthiques de la maison d’édition, l’imprimerie et sa localisation, les moyens de transports utilisés pour l’acheminement, la provenance du papier, la composition des encres et la rémunération des auteurs. Cela rend compte des éléments à prendre en compte pour la production et la diffusion des livres.

Vous pouvez découvrir plus concrètement les pictogrammes utilisés pour montrer aux lecteurs la traçabilité de chaque ouvrage sur leur site internet.
Pour les éditeurs, plusieurs perspectives
Des maisons d’édition tentent aussi des alternatives sur le plan des publications mais surtout sur la production des livres. Un exemple, les éditions de La Mer Salée à Nantes.

Mais concrètement, en quoi ça consiste ?

Si on s’appuie sur ce que fait La Mer salée, il s’agit de travailler avec un petit nombre d’auteurs engagés écologiquement. La Mer salée publie des ouvrages sur les thèmes éco, que ce soit des fictions ou des essais. Mais pour être écologique, vous l’avez bien compris, il ne suffit pas de publier des écrits engagés. Ce sont les méthodes de production qui sont en jeu et à repenser. Travailler avec des imprimeurs situés sur le territoire, par exemple à moins de 100km et avec le label Imprim’vert et la certification PEFC/FSC, utiliser des encres  moins polluantes comme celles à bases d’huile végétale plutôt qu’à base de solvant et d’additifs, éviter la surproduction. Plusieurs maisons d’édition font le choix d’éditer par exemple cinq livres par an, c’est le cas de La Mer Salée.

Bien sûr, pour l’instant ces initiatives semblent possible qu’à petite échelle car elles conduiraient à repenser en profondeur le modèle économique des maisons d’édition et les politiques éditoriales. Ce qui aurait des conséquences colossales sur le marché du livre actuel.

Mais il est bon de voir, même si nous pouvons tout nuancer, que chacun à son niveau peut apporter sa pierre à l’édifice.

Finalement, nous rejoignons de manière globale toutes les problématiques de l’écologie et les difficultés à agir à grande échelle. Car les mesures prises restent à l’encontre de l’opinion publique et conduiraient les grands acteurs économiques à modifier radicalement les modèles existants. 
Et vous ? Quels sont vos gestes éco-responsables de lecteur ?
Pour conclure cet article, pour ma part, je privilégie de plus en plus et autant que possible les livres de seconde main. Sauf exception, je ne commande quasiment plus mes livres sur le web, pratique que j’ai longtemps eu. Je me sers essentiellement de manière locale. Il faut cependant avoir la chance de vivre dans un endroit où librairies, bouquineries, boîtes à livre existent.  Car ce n’est pas forcément possible pour tout le monde en fonction de son lieu de vie. Et là, la possibilité de tout trouver sur le web est une véritable porte ouverte à l’accès à la lecture. Sans oublier qu’il existe plusieurs sites qui proposent des livres d’occasion. Pour ceux qui adhèrent à ce format, il est aussi possible de privilégier les livres numériques. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mon compte Instagram
Suivre par mail
RSS