Chroniques littérairesClassique

Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline

Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline

En Mai 1986, parait Mort à Crédit, deuxième roman de Louis-Ferdinand Céline. Ce roman réunit violence et puissance narrative. Sombre et crue, c’est une œuvre sordide sur son enfance noircie que nous livre Céline. Ceci n’est pas une autobiographie, mais bien une œuvre de fiction où l’auteur transpose et invente son vécu. Retour sur cette lecture mouvementée.
Le Paris de la belle époque du côté de chez Ferdinand
Ferdinand est médecin-écrivain. Pris d’une forte fièvre, il raconte son enfance et sa jeunesse.

Vers 1900, Ferdinand vit dans un Paris populaire de petits artisans et de commerçants. Son père Auguste est rédacteur aux Coccinelle-Assurances. Quant à sa mère, Clémence, elle est marchande de dentelles. Ferdinand finit sa scolarité élémentaire et une inquiétude plane sur ses parents. Ils ne savent pas ce qu’ils vont faire de lui.

Ils le placent d’abord en apprentissage comme manutentionnaire chez Berlope et comme représentant chez Gorloge. Une expérience noire et violente où Ferdinand poursuit l’expérience du monde.

Puis, il est expédié en séjour linguistique au Meanwell College en Angleterre où il n’apprend pas un mot d’anglais. Son retour en France est d’une violence extrême. Une dispute avec son père explose, il est banni du foyer et envoyé chez l’oncle Edouard.

Ferdinand fait la rencontre de Courtial des Pereires, l’éditeur de la revue « Genitron ». Il devient le secrétaire du matériel.

Puis, l’expérience de la vie continue…
Un style unique et un tableau noir
Raconté avec truculence et humour, ce roman se divise en trois parties. Le récit de l’enfance et de l’adolescence désespérante. Le séjour en Angleterre où il se laisse porter par l’oisiveté au lieu d’apprendre la langue. Puis les deux années aux côtés de Courtial, savant et éditeur où il passe deux années.

Lire Céline c’est comme l’amour, il faut avoir un âge pour ça. Ecrivain de l’échec, de la déception, de l’amertume, Céline décrit un monde violent avec férocité dans le Paris de la Belle Epoque. Les petites gens se décomposent dans cet environnement. Ils achètent leur mort à crédit.

Ce gamin solitaire, fils de parents ni riches, ni intelligents, ni ouverts au monde en marche, apprend les leçons de la vie au quotidien à travers ses expériences et surtout ses échecs. Lamentable, c’est ce qu’est Ferdinand pour le lecteur et ses parents.

Ce roman est d’une noirceur sans espoir dans laquelle Céline nous plonge. L’oncle Edouard est le seul personnage positif du roman. Il redonne de l’espoir à Ferdinand mais aussi au lecteur.

La plume haletante et délirante fascine car elle est unique et fait de Céline ce génie de la littérature française. C’est une lecture complexe par la syntaxe et les termes employés qui ne parlent pas à tout le monde.

Mais une lecture incomparable par le style et les thèmes abordés. Car oui, les thèmes restent dur à avaler et la lecture procure des hauts le cœur. L’auteur décrit la nausée, les odeurs et autres putréfactions de manière à procurer un profond dégout.

Malgré cette noirceur et cette amertume, c’est une œuvre marquante et fascinante par son style. Longue, complexe, sordide, c’est une lecture qui remue tel le mal de mer sur un bateau ! Elle m’a fait aussi rire par ce ton farouche adopté.

Je conseille cette lecture à ceux qui se sentent prêts et intrigués. Je pense aussi qu’elle a la pouvoir de changer notre regard sur la littérature.
Extrait
 » Les souvenirs anciens c’est  tenace… mais c’est cassant, c’est fragile… Je suis sûr qu’on prenait toujours le « tram » devant le Châtelet, la voiture à chevaux… On grimpait avec nos cousins sur les bancs de l’impériale. Mon père restait à la maison. Les cousins ils plaisantaient, ils disaient qu’on la retrouverait plus la tante Armide, aux Rungis. Qu’en ayant pas de bonne, et seule dans un pavillon elle se ferait sûrement assassiner qu’à cause de inondations on serait peut-être avertis trop tard… »

Date de parution : 05/1936

Éditeur d’origine : Denoël

Nombre de pages : 622

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mon compte Instagram
Suivre par mail
RSS